Contrat de génération : mais qui sera réellement le tuteur?

Le document d’orientation cadrant le projet de loi sur les « contrats de génération » a été rendu public la semaine dernière, dans la nuit du 4 au 5 septembre.
Pensé pour permettre un passage de relais entre generations (5 millions de départs en retraite et 6 millions de nouveaux actifs d’ici 2020), le contrat de génération prendra la forme d’un tutorat entre un senior et un junior, un passage de relais, le tout accompagné d’obligations, d’aides et de pénalités en fonction de la taille et de l’implication de chaque société dans ce contrat. Le but avoué est la signature de 500 000 contrats et donc autant de créations d’emplois.

L’idée semble louable, mais est, au final, totalement anachronique et inadaptée au marché du travail. A l’heure d’internet, du maketing social, de la robotisation, de la mondialisation des marchés, etc. cette initiative est tout à fait adaptée à la révolution industrielle du XXeme siècle.

Non pas que les seniors n’aient rien à apprendre aux nouveaux venus sur le marché du travail. Bien au contraire, leur expérience du terrain et les réseaux dont ils font partie sont des atouts majeurs pour la réussite d’une carrière. Mais déjà, vont ils accepter de passer le relais avant l’heure? De transmettre un flambeau qui signera la fin de leur vie active, et donc, d’une partie de leur vie sociale?

Et qu’en est il des compétences du dit senior? Se trouve t’il condamné a finir sa carrière en roue libre, tout juste bon à servir de tremplin au « jeune » venu le remplacer? N’est il bon qu’à transmettre sa substance et finir sa carrière sous perfusion du contrat de génération? Ne peut il pas continuer à évoluer et rester performant pour l’entreprise?

Et enfin, n’a t’il rien à apprendre de ce jeune – qui est né et évolue quotidiennement dans les nouvelles technologies? – qui parle un autre langage que le sien et sait communiquer avec d’autres communautés, d’autres réseaux? – dont l’esprit est vierge d’habitudes et de formatages, véritables freins à l’innovation?

Chaque génération a des choses à apporter aux autres, les générations ne sont pas interchangeables, elles sont complémentaires. 

Prévoir qu’un jeune va prendre la place d’un senior est absurde, les époques changent, les postes et les organisations aussi, nous ne sommes plus à l’époque du Taylorisme. Les sociétés sont en mutation constante, ce qui est vrai aujourd’hui, ne le sera peut être plus demain.

Par ailleurs, une carrière passe par différentes phases, se réoriente parfois et mute souvent avec les années. Combien d’années s’écouleront entre la prise de fonction du junior et l’accès à un poste équivalent à celui de son tuteur?

Les contrats de génération cherchent à répondre au besoin du marché du travail sans fournir de véritable solution aux entreprises, ni aux individus. Ils créent simplement de nouvelles obligations pour les uns et pour les autres sous couvert d’une transmission de compétences.

Le problème est pris à l’envers. Cherchons a comprendre ce qui peut rendre les personnes efficaces et ainsi générer de la valeur et de l’emploi, plutôt que de forcer l’emploi et espérant que les entreprises, au final, resteront efficaces.

Laisser un commentaire